La Plaine, futur proche. Les étés grignotent le printemps et colonisent l’automne. L’électricité est rationnée, le carburant hors de prix. Pour subvenir aux besoins de la famille, Marcelle travaille au Flacon, une fabrique de parfums. Elle consacre la majeure partie de son temps libre à son frère neuroatypique et fugueur, obnubilé par le retour de leur mère.
Etouffée par les mains glissantes d’un père malade et la pression d’un quotidien abrutissant, l’adolescence de Marcelle peine à éclore. Comme de l’eau dans l’eau est un roman brut qui crie les premiers émois d’un coeur inondé par la vase du monde. Entre la gendarmerie désertée du village, la station-service et l’usine, peu à peu, une voix aussi âpre que sensuelle s’évertue à dépasser l’horreur d’une jeunesse engloutie pour nous dire: moi aussi, j’existe.
« Tu scannes le tapis rouge à motifs noirs qui s’étale entre le canapé et l’écran. Il y a d’abord le bras, puis tu sens sa main crispée par la maladie qui plie, la main comme un fer à repasser parce qu’elle chauffe d’abord avant de glisser.
Vingt-et-une mouches font concurrence aux dessins tissés sur le tapis. Six décès de plus à déplorer depuis dimanche passé. »
Éditions La Veilleuse – 2024